Est-ce que le monde a vraiment besoin d’un 4e album de Geneviève et Alain?

 
 

J’ai hâte au prochain projet, au prochain album. C’est pas pour tout de suite, mais on est toujours en train d’y réfléchir. On se demande tout le temps : « Ce sera quoi la suite? »
Et les entre-deux sont parfois étranges. 

Après notre deuxième album, aussitôt qu’on l’a lancé, on s’était déjà mis à la composition du 3e. On composait tout le temps, régulièrement, et ça a fait en sorte qu’au moment de prendre la décision de produire le prochain album, on avait déjà pratiquement tout le matériel. On avait juste à choisir, à trier et à peaufiner. J’ai adoré l’expérience, ça a eu l’air facile, le projet coulait tout seul. 

Là, en sortant le 3e album (à l’automne 2021), il ne s’est pas passé la même chose, on n’a pas tout de suite voulu entamer le suivant. On a peut-être ressenti le besoin de prendre du recul ou je sais pas trop. 

C’est correct parce que de toute façon, on n’est pas prêts pantoute à sortir un prochain album! Si on suit le processus, ce serait pas logique du tout de prévoir en sortir un cette année. Il faut quand même jouer sur scène notre dernier! Le faire en spectacle pour faire entendre ces chansons-là, sinon, à quoi ça sert de faire des albums?

En plus, y a aussi eu les confinements qui nous ont empêchés de jouer autant que planifié les chansons du 2e et 3e album. Ça a eu un impact étrange sur le cycle des choses et j’ai l’impression que ça ne vaut pas la peine de créer de nouvelles tounes si t’as le feeling que personne n’a encore entendu les 20 dernières. 
Je préfèrerais me concentrer sur le fait de performer que de créer, mais je me sens pourtant mal de ne pas être en train de composer aussitôt que j’ai un trou à l’horaire.

 

En fait, je me sens un peu bloquée aussi parce que je me demande à quel point le monde a besoin d’un 4e album de Geneviève et Alain? J’veux dire, c’est l’fun de créer des chansons, c’est même magnifique, surtout quand y a du monde pour les écouter, en profiter et à qui ça peut faire du bien. 

Mais qu’est-ce qu’on a encore à dire qu’on n’a pas encore réussi à offrir dans nos 3 autres albums? 
Je sais que ce sera des nouvelles chansons et donc de nouvelles propositions, de nouveaux sujets, de nouveaux points de vue… Le truc, c’est qu’on n’a simplement pas encore trouvé l’angle qui permettrait de lui donner le petit plus que les autres projets n’avaient pas encore. 

 

Selon ce que j’ai observé, un premier album, ça sert à exister comme artiste. Un 2e, ça confirme que notre carrière a le potentiel de perdurer dans le temps. Un 3e, ça démontre qu’on arrive à se renouveler. 
Pis un 4e album… je sais pas encore. À partir de là, le mandat n’est pas clair. 

 

C’est comme se dire : « Est-ce que j’écris une 4e saison à ma série Netflix ou c’est pas nécessaire? Qu’est-ce qui ferait en sorte que ce ne soit pas redondant? Est-ce que j’ai une idée assez bonne pour en faire une suite spectaculaire? »

 

Peut-être que c’est en composant fréquemment que les idées viennent à se placer toutes seules. Mais peut-être est-ce mieux d’attendre l’idée directrice pour avoir un fil conducteur qui inspirera la suite? Sinon, la motivation, elle est où?

 

Oh, on compose encore, c’est sûr! On n’a pas complètement arrêté pour autant! On dirait juste qu’en ce moment, quand je crée, le but n’est pas clair. J’me demande tout le temps où je m’en vais avec ça.

 

Peut-être qu’au lieu d’avoir un intervalle de 2 ans entre les lancements, il pourrait y avoir 3 ans, voire 4 ans? Qu’est-ce qu’il y aurait de mal à ça? 
Peut-être qu’on pourrait complètement cesser de faire des albums et plutôt se concentrer sur des EPs et des singles? Est-ce que ça vaut encore la peine de produire des albums complets de nos jours d’ailleurs?
Pourquoi on ne pourrait pas réenregistrer certaines chansons avec d’autres arrangements, pour garder le focus sur les dernières créations qui n’ont pas encore assez été mises en lumière? Y a plein de possibilités en fait! 

(Je caresse aussi en secret l’idée d’écrire une comédie musicale, mais j’ai pas encore trouvé la manière de faire rentrer ça logiquement dans le processus de carrière de notre duo.)

 

Bref, j’ai envie de conclure en disant que je suis en train de réaliser que j’ai juste peur. Quand je suis pas en train de créer quelque chose, de travailler sur une idée et d’avoir une direction précise, ça me fait peur. J’aimerais ça pouvoir dire fièrement dans n’importe quelle conversation: 
« Je suis en train de travailler sur _______ ! ». 
Mais l’affaire c’est que c’est normal que ce soit pas ça tout le temps. Pis c’est correct. Ça se peut des moments où t’as ni projet ni spectacle. 

Je travaille là-dessus pour accepter que c’est correct d’avoir des pauses. 

Pis c’est d’ailleurs souvent en prenant du recul que les bonnes idées arrivent d’elles-mêmes. 

S’arrêter, c’est plus productif qu’on l’imagine.