Plus personne n’écoute de chansons québécoises

 
 

Bon… J’exagère un peu. Mais, c’est pas un gros chiffre, mettons.
Ça me fait un peu peur de constater les effets de l’unification de la musique. Je me questionne sur l’avenir de notre identité.
Est-ce que ça nous tient encore à cœur tant que ça d’être un peuple francophone en Amérique du Nord? Est-ce que notre petit village gaulois est en train de se laisser consciencieusement convertir par les Romains?

 

Des statistiques sont sorties dernièrement, démontrant que les Québécois consomment moins de 9% de musique québécoise sur les plateformes numériques.

Ouch.

Et là-dedans, ça comprend aussi les artistes québécois qui chantent en anglais, que ce soit Charlotte Cardin ou Céline Dion.
Donc, on peut dire que la musique francophone est loin d’être une priorité pour la plupart de la population… francophone.

 

On se rend aussi compte qu’il y a une corrélation entre le sentiment d’appartenance à une langue et le niveau de consommation de la culture de cette même langue.
En théorie, plus tu es une personne qui écoute de musique et d’émissions de télé en français, plus le français te tient à cœur.

Présentement, les plus jeunes consomment de moins en moins de culture francophone d’ici.
Et les chiffres révèlent que 46% des 18 à 34 ans disent se préoccuper de l’avenir du français, contre 61% pour les 35 à 54 ans et 74% pour les 55 ans et plus.

Si tu veux mon avis, ça s’en va pas dans la bonne direction…

 

Alors quand on entend un Richard Séguin s’inquiéter face à la sauvegarde de la culture québécoise francophone, c’est pas un caprice. Ça va même au-delà de la chanson. On devrait bel et bien tous s’inquiéter du futur de notre identité en tant que nation francophone.

 

Avec la tournure que c’est en train de prendre, la musique francophone d’ici tend à devenir de plus en plus marginale et je pense qu’il serait important de commencer à mettre des actions en place pour prioriser à nouveau la musique franco à la radio, à la télé, dans les lieux publics, dans les événements, à l’école et à travers les algorithmes.

 

On devrait prendre exemple sur la France et enseigner notre patrimoine musical à l’école. Les Québécois auraient aussi de quoi s’inspirer des écoles francophones hors Québec où le sentiment d’appartenance à sa culture et à sa langue est au cœur de l’éducation.

 

J’ai été marquée quand j’ai étudié à l’École nationale de la chanson quelques années après le secondaire et que j’ai eu mes premiers cours d’histoire de la chanson de ma vie. J’étais triste de constater qu’on était les seuls, nous, petite classe de futurs auteurs-compositeurs-interprètes, à avoir accès à cette matière-là.
Qui d’autre de ma génération connaît les Raymond Lévesque, Claude Léveillée, Richard Desjardins, Louise Forestier, Pauline Julien, Sylvain Lelièvre? Qui d’autre pourrait fredonner plus qu’une chanson ne serait-ce que de Gilles Vigneault et Félix Leclerc...?

 

Le plus grand objectif serait de réussir à ce que les Québécois retombent en amour avec leur propre culture.

Quand tu aimes quelque chose, tu as envie de l’entendre, tu as envie de le voir, tu en redemandes et tu en es fier.

 

Ça ne se fera pas par magie. Pour tomber en amour, ça prend une première date. Tu peux pas tomber en amour avec quelqu’un ou quelque chose que tu ne connais pas encore.

 

Donc, en attendant que les grandes actions se mettent en place pour améliorer les statistiques, donnons-nous chacun le devoir d’être curieux. Offrons-nous la chance d’apprécier ce qui vient de chez nous et de lui faire une place dans notre quotidien.

 

Quand tu découvres un chanteur, que tu vas le voir en spectacle, que tu écoutes sa musique et que tu la partages, tu fais pas juste « encourager un artiste ». Tu participes à la sauvegarde de ta culture.
Chaque geste compte.